Jon Bonné :  » Avec le dérèglement climatique, il va y avoir un changement oui, mais ça n’écrasera pas l’esprit du vin. « 

Rencontre. Le “New French Wine” de Jon Bonné, publié en 2023, sortira en français en novembre 2025. Pour l’écrire, cet écrivain américain sur le vin a écumé les vignobles français pendant près de dix ans.

Les Vinofuturistes – 12/08/25 – Propos recueillis par J.R.

« Du Vosnes-Romanée en canette ? Non. Mais du gamay ou du muscadet, pourquoi pas ? »

Vous avez rencontré plein de néo-vignerons. Peut-on encore avoir 25 ans et rêver de devenir vigneron ?

“Aux Etats-Unis, certains disent que c’est impossible pour des jeunes de s’installer. En Californie, c’est vrai, ailleurs, il faut voir. En France, je dirais à ce jeune-là de commencer à chercher de la terre dans le vignoble nantais, ou dans le Sud-Ouest, où ce n’est pas cher et pas trop bondé. En tout cas, en France c’est possible. Mais ça ne sera jamais pour gagner beaucoup d’argent. Je recommanderais peut-être de trouver un boulot alimentaire. C’est un peu comme écrivain, en fait.”

Aux Etats-Unis, des IA émergent pour concevoir des vins adaptés au goût de chaque consommateur. Ça fait quoi d’être bientôt has-been, en tant que critique de vin à l’ère du vin personnalisé ?

“J’ai déjà dit, et je continuera à affirmer que la critique vin et gastronomique sera la dernière chose remplacée par l’IA. L’IA ne peut pas réaliser de jugements esthétiques. L’IA peut donner des notes, mais ce n’est pas ça, être critique. Donc pas d’inquiétude. Quant au vin fait par des IA, je suis sûr que ça sera très sale. Faire du vin, c’est un art physique. On peut donner une recette, mais pas le faire à la place de quelqu’un. A la limite, l’IA remplacera le conseiller agronome, le gars qui dit quand mettre du Roundup.”

Votre rosé en canette, vous l’aimez comment, avec ou sans glaçon ?

“Ben ce n’est pas que j’aime ça, mais c’est pratique. A la plage, par exemple. Ça dépend du vin. C’est peut être plus écolo, en format individuel. Du Vosnes-Romanée en canette ? Non. Mais du gamay ou du muscadet, pourquoi pas ? Avec ou sans glaçon, ça, ça dépendra de la météo”.

Et votre empreinte carbone dans tout ça ?

“ Il y a un chapitre dans mon livre sur le changement climatique. Ce qu’on peut dire : c’est une crise. Mais le vin n’est pas une grande partie de la crise. On va changer des trucs, la taille de la vigne, des bouteilles moins lourdes, améliorer le transport. On peut trouver des solutions pour profiter du bon vin avec moins d’empreinte carbone, mais les projections cauchemar, dans lesquelles le pinot noir va disparaître, ce sont des fake news. Il y a toujours eu des changements… il faut s’adapter. Le merlot va disparaître de la rive droite de Bordeaux, mais on va revenir aux cépages du 19e siècle. Il va y avoir un changement oui, mais ça n’écrasera pas l’esprit du vin.”

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