#24 Quelles alternatives à la bouteille de vin ?
La bouteille de vin en verre à usage unique est le point noir environnemental de la filière viticole. Mais par quoi la remplacer ?

Vous vous demandez peut-être pourquoi il faudrait changer quelque chose à la bouteille de vin, qui est pratique, peu chère, remplit parfaitement sa mission de conservation et que tous les consommateurs du monde entier connaissent et reconnaissent (à défaut de savoir utiliser un tire-bouchons).
En fait, cette bouteille n’a qu’un seul défaut : sa fabrication est fortement émettrice de gaz à effets de serre, y compris dans une boucle de recyclage. Notamment parce que les fonderies de verre sont aujourd’hui quasi-exclusivement alimentée par du gaz. Les bouteilles représentent 30 à 40% de l’empreinte carbone de la filière viticole, loin devant le pétrole des tracteurs ou la climatisation des chais.
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Il y a des alternatives à la bouteille de vin en verre à usage unique, chacune avec ses avantages et ses inconvénients :
⚖️ Les bouteilles en verre allégées
Les verriers réalisent des prouesses technologiques en proposant aux producteurs des bouteilles de 300g, contre 550g en moyenne pour les bouteilles de vin les plus couramment utilisées en France, et jusqu’à 900g pour les modèles les plus lourds.
Les + : réduit l’empreinte énergétique sans impact sur la conservation ou le ressenti du consommateur final.
Les – : gare à l’effet rebond (on produit plus de bouteilles…). Cette solution ne règle pas le problème de fond (le tout jetable) et ne permet pas de réduire la quantité de déchets de la filière.
🧴 Les bouteilles et BIB en plastique
Le vin est la dernière boisson qui résiste (pour l’instant) aux sirènes du plastique. En France, en tout cas. Mais les producteurs de plastique lorgnent sur ce créneau, et n’hésitent pas à utiliser des arguments environnementaux pour convaincre.
Les + : l’empreinte carbone du plastique est a priori plus faible que celle du verre (et oui). Les marchés scandinaves réclament des vins en bouteilles plastiques pour réduire l’empreinte carbone de leurs importations. C’est aussi un contenant moins coûteux que le verre.
Les – : Leur impact environnemental global est catastrophique. Le plastique est recyclable en théorie, mais en pratique, finit plutôt brûlé ou enfoui (ou dans la mer). Plusieurs études pointent aussi des risques sanitaires (micro-particules de plastique). Enfin, la durée de conservation du vin ne dépasse pas 18 mois… et les consommateurs français semblent résister au plastique.
🧃 Les bouteilles en carton
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- Les + : encore plus avantageux que le plastique côté empreinte carbone et coût, et parfaitement recyclable, a priori (un point de vigilance autour de l’habillage intérieur, souvent plastifié).
- Les – : là encore, une durée de conservation réduite. Et il va falloir habituer le consommateur à ce contenant pas transparent.
🥫Les canettes
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- Les + : recyclable à l’infini (en théorie), empreinte carbone trois fois meilleure que celle du verre, usage courant et image “tendance”.
- Les – : en pratique, seulement 1 canette sur 2 est recyclée en France. Encore un problème de durée de conservation pour le vin. Malgré de multiples tentatives, le “créneau” n’a pour l’instant jamais décollé chez les consommateurs. La canette repose aussi sur un changement de mode de consommation, plus individualiste que basé sur le partage et la convivialité.
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🛢️ Le vrac
Via des fûts en plastique à usage unique (jamais recyclés) ou, beaucoup plus vertueux, des fûts en inox réutilisables. Ou encore, pour l’export, l’embouteillage proche du lieu de consommation, pour éviter le transport de bouteilles lourdes à travers le globe.
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- Les + : bilan carbone peu étudié, mais probablement intéressant, notamment avec l’option “inox réutilisable”. Le meilleur déchet = celui que l’on ne produit pas. Un signal faible : l’émergence de bars à vin “à la tireuse”.
- Les – : le vrac est associé aux vins d’entrée de gamme. Des questions aussi autour du modèle économique et de la valorisation pour les producteurs. Aujourd’hui, assez peu de débouchés valorisés.
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🔁 La bouteille de vin réemployée et réemployable
Le réemploi fait son grand retour en France en 2025, à travers notamment le programme ReUse de Citéo. La loi AGEC fixe l’objectif de 10% de contenants réemployés d’ici 2027, y compris pour la filière viticole.
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- Les + : empreinte carbone réduite (%5), mais des économies aussi sur l’eau (%3), sur l’énergie (%7,5). Pas besoin de changer les habitudes des consommateurs et producteurs attachés à la bouteille en verre. En + également : de plus en plus d’aides financières pour les producteurs et distributeurs qui voudraient se lancer.
- Les – : la filière réemploi (re)démarre en France, et il y a encore pas mal de trous dans la raquette. Pour le vin, un gros point d’interrogation autour de l’export des bouteilles. Le passage à l’échelle impose d’utiliser une bouteille standard, pas forcément compatible avec les traditions viticoles régionales, voire les réglementations.
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