#23 Do you speak vigneron ? Les couverts végétaux
Peut-être avez-vous déjà entendu des vignerons parler de “couverts végétaux” ? Cette technique appliquée dans les vignes vise à améliorer la qualité du sol et la robustesse de la vigne. Mais elle est assez complexe… On vous explique tout.

🌱 Un couvert végétal, ce sont des plantes semées, idéalement juste après les vendanges, entre les rangs de vigne. Légumineuses (trèfle, luzerne, vesce…), graminées (festuque, ray-grass…), crucifères (radis, moutarde…). Les couverts peuvent être temporaires, en rotation, ou permanents.
✅ Les couverts apportent plusieurs services :
- Les racines des couverts décompactent et améliorent l’aération, et donc la structure du sol.
- Moins d’érosion : en pente comme en plaine, un sol couvert limite le ruissellement.
- Un coup de boost pour la vie microbienne. Résidus végétaux = nourriture pour bactéries, vers, champignons, etc.
- Moins d’engrais azotés. Les légumineuses fixent l’azote de l’air : un atout en bio*.*
- Moins d’herbicides, plus de contrôle des adventices. Un couvert bien géré joue un rôle de “paillage vivant”.
💧 La question hydrique est complexe, et dépend des terroirs. En sol profond, le couvert stocke mieux l’eau. Mais en sol sec ou superficiel – ce qui est le cas de nombreux vignobles – les retours d’expérience montrent un risque de stress hydrique pour la vigne. Dans certains vignobles, sans irrigation, ça peut affaiblir la plante. MAIS c’est aussi une des techniques préconisées dans l’hydrologie régénérative.
🤯 Pour les vignerons, c’est aussi un sacré challenge. Semer et gérer des cultures annuelles… ce n’est pas leur spécialité. Cela nécessite des nouveaux outils, des connaissances assez pointues -quoi semer, quand, quand détruire, etc.- sans beaucoup de recul. C’est le “test and learn” permanent… et une charge (physique, mentale, économique) supplémentaire.
Le vrai enjeu des couverts végétaux : le labours
🚜 Un des enjeux, c’est d’éviter au maximum le labours. L’arrachage mécanique (plutôt que chimique) des mauvaises herbes, avec un tracteur, est LA solution des viticulteurs bio. Problème : à haute dose, le labours favorise l’érosion, le tassement des sols et la création d’une “croûte” qui bloque l’infiltration de l’eau. Ca tue la microfaune, et ça accélère la minéralisation de la matière organique et libère du CO2. Un sol labouré stocke moins d’eau. Et le tracteur consomme du pétrole et de la main d’oeuvre.
↳Très minoritaire, le “non-labours” progresse dans l’agriculture française, viticulture comprise. MAIS il repose souvent sur… l’utilisation du glyphosate. Une autre impasse.
🌳 La technique des couverts végétaux va souvent de pair avec l’agroforesterie, pour sortir la vigne du désert biologique dans lequel on l’a confinée. Ce sont aujourd’hui les deux piliers de l’agroécologie appliquée à la vigne… Et de toute évidence un des futurs du vignoble.
Sources :
IFV, CIVL, INRAE, Vitinnov, Arvalis, Réseau DEPHY, Chambres d’agriculture, Comité Champagne.
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