Aléas climatiques : le nouveau normal ?
Gel. Le dérèglement climatique, ce ne sont pas seulement des températures en hausse, mais aussi des aléas climatiques plus récurrents et plus violents. Les vignerons sont là encore en première ligne.
En 2025, le gel a épargné le vignoble français. C’est la première fois en quatre ans, a compté Vitisphère. “Ce qui était normal est devenu inhabituel avec le changement climatique”, note la revue. Mais la saison 2025 est loin d’être terminée. La preuve : la grêle a déjà fait beaucoup de dégâts en mai dans plusieurs régions, et la canicule de juin aura aussi un impact…
Jusqu’au début du XXIe siècle, les vignerons se préparaient à subir un gel destructeur de récolte dans leur carrière, et peut-être quelques autres aléas plus petits. Mais depuis 2010, les aléas se multiplient. A Bordeaux, par exemple, le gel a frappé durement en 2017, 2019 et 2022, et aussi en 2020 et 2021, quoique moins fortement. En 2021, la France agricole a subi un gel historique.
💡Le programme Laccave de l’INRAe a mesuré qu’une augmentation des températures de 2°C conduit à une augmentation de 40% des risques de gel printanier pour la vigne. Pas logique ? Au contraire : le réchauffement concerne d’abord… l’hiver. Or qui dit hivers doux, dit printemps précoce. Les bourgeons sortent plus tôt, ce qui agrandit la fenêtre de vulnérabilité au gel de la plante. Les projections du GIEC montrent que le risque de gel devrait finalement disparaître d’ici la fin du siècle (fini l’hiver froid). Mais en attendant, le monde viticole doit vivre avec ce risque accru.
Hausse des coûts de production et risques psychologiques
Les conséquences sont évidemment une baisse des rendements – difficile à mesurer car les impacts peuvent être très localisés. Et donc, en parallèle, une hausse des coûts de production. La difficulté pour les producteurs et les marchés consiste à gérer le “yoyo”.
Les impacts sont aussi psychologiques : perdre toute sa récolte en quelques heures est un traumatisme. La “résilience” des vignerons et des agriculteurs est souvent mise en avant. Au risque de passer sous silence le stress post-traumatique et l’éco-anxiété, qui peuvent dégénérer en dépression. Le monde agricole est très exposé, montre ce rapport de l’ADEME.
L’intensification des risques de gel a aussi modifié les pratiques. La taille de la vigne peut être reculée, le travail du sol décalé, etc. pour permettre à la plante d’être moins vulnérable. Les entreprises viticoles ont aussi largement investi – en énergie et en argent – dans la lutte antigel. Certains vignobles se sont couverts d’éoliennes, parfois gérées collectivement. La multiplication des aléas est souvent le déclencheur d’une prise de conscience brutale et douloureuse de la réalité du dérèglement climatique.
Extrait de la newsletter Vinofutur de juin 2025.
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