Serge Zaka : « Face au changement climatique, j’ai la chance de travailler sur les solutions »

Rencontre. Serge Zaka est THE agro-climatologue à suivre. Il propose depuis le printemps 2025 un site web unique au monde permettant de transcrire la météo en risques agricoles, production par production, en commençant par la vigne face au gel. Un service gratuit pensé pour les pros.

Vous sortez au printemps 2025 une carte incroyable sur le suivi du gel dans les exploitations agricoles. Mais pour la première fois en quatre ans, il n’a pas gelé. Pourquoi la nature est-elle si cruelle, selon vous ?

“ Je ne me suis pas basé sur le fait qu’il y aurait du gel et du buzz. Mais j’ai été assez traumatisé par le gel de 2021. Et quand j’en parle à des vignerons, certains ont les larmes aux yeux en en reparlant. Donc ce je veux, c’est ‘plus jamais à l’aveugle comme ça’. Les cartes n’empêcheront pas le gel, mais ça permettra aux vignerons de se préparer. Il y aura de plus en plus de gel, c’est certain. Et quand il arrivera, cet outil sera là, même s’il reste à améliorer. ”

 

Serge Zaka : « Face au changement climatique, j’ai la chance de travailler sur les solutions »

« Quand il a fait 46°C le 28 juin 2019, et que les vignes ont brûlé, j’ai versé ma petite larme! »

L’ADEME a sorti récemment un rapport sur l’éco-anxiété des Français, qui montre que les personnes engagées pour défendre l’environnement en souffrent plus que les autres. Du coup, ça va, vous ?

“Moi, ça va. J’ai la chance de travailler sur les solutions. L’outil que je propose est une solution d’anticipation. Et dans le rapport du GIEC c’est indiqué qu’il faut savoir anticiper à court et long terme. C’est vrai que je fais beaucoup de constats négatifs sur les réseaux sociaux. Mais derrière, j’ai la chance de travailler sur les solutions. Et je suis de nature très joyeuse, ça aide. Mais j’ai des coups de mou. Quand il a fait 46°C le 28 juin 2019, et que les vignes ont brûlé, oui j’ai versé ma petite larme comme tous les vignerons. Et le 8 avril 2021, quand la vague de froid est descendue jusqu’à chez moi, Montpellier, là aussi j’ai pleuré. Je ne suis pas insensible, mais je vais de l’avant. »

La consigne des bouteilles en verre fait son grand retour en France, et tout le monde est content de retrouver ce geste de bon sens. Quelle autre bonne nouvelle pouvez-vous nous donner ?

« Déjà, ce retour de la consigne, c’est l’un des principaux leviers de diminution des GES de la filière. C’est énorme en termes de réduction, jusqu’à 40%. Une autre bonne nouvelle que je peux partager : dans les projections climatiques, on peut voir des aspects positifs pour le vignoble. Dans le Sud de la France, il y aura toujours de la vigne, au moins jusqu’en 2050. Et dans le Nord, ce ne sont que des bonnes nouvelles. Des IGP vont se créer. Il faut voir ça comme un remodelage complet de la viticulture. Pour d’autres cultures, comme le maïs voué à réduire dans le Sud Ouest, c’est une autre histoire. Mais pour la vigne, ça va… seulement à condition de s’adapter. Si on ne change rien, là c’est problématique. »

Et votre bilan carbone dans tout ça ?

« Je me déplace énormément. Tous les jours, parfois 1500km dans la journée. Mais je ne prends pas l’avion. Je viens de me taper un Amsterdam-Montpellier en TGV et voiture. J’ai fait 55000km en TGV l’an dernier. Ensuite : chez moi, j’ai des panneaux solaires, j’ai planté 28 arbres dans mon jardin. Mais j’ai des défauts : je ne suis pas trop dépensier, mais je mange de la viande, beaucoup trop par rapport à ce qui est recommandé pour l’environnement et la santé. J’ai fait mon bilan, je suis à 6,5 tonnes de tonnes éq. carbone, la moyenne des Français c’est 9. Chez moi, la principale source c’est l’alimentation, ensuite le transport. Je ne suis pas parfait, mais ce n’est pas une raison pour ne pas continuer à faire des efforts… »

 

L’outil gratuit d’agro climatologie :  https://agroclimatologie.com/

A lire pour compléter : Serge Zaka, agroclimatologue : «Le problème le plus urgent pour l’agriculture, c’est le manque de froid»

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