Justine Saint-Lô : “Peut-être que les petites levures sont des artistes, en fait ?”
Rencontre. Après quatre ans de travail, l’artiste Justine Saint-Lô sort un film documentaire, “Levures indigènes”. Tourné à Chinon, il suit la vigneronne Beatriz Papamija, de la vigne au vin. Il sera diffusé sur France 3 en octobre.
Les Vinofuturistes – 17/09/25 – Propos recueillis par J.R.

« Il y a plus de films sur le thème de la vigne qui montrent des hommes que des femmes. Je suis juste en train de rééquilibrer la balance«
Ici, retrouvez toutes les infos sur le film.
Ton film “Indigènes” veut montrer l’invisible, ces levures qui transforment le jus de raisin en vin. As-tu réussi à percer le Grand Mystère de la Fermentation ?
Justine Saint-Lô. “En fait je ne sais pas s’il s’agit vraiment d’un mystère. C’est mystérieux parce qu’on ne peut que l’imaginer et pas le voir à l’œil nu. Mais en fin de compte c’est très simple : ce sont des populations qui se succèdent, qui se laissent la place pour transformer des choses en d’autres. Dans le processus, la fermentation crée bien plus que de l’alcool. En fait, peut-être que les petites levures sont des artistes qui vivent dans un environnement et savent le restituer aux autres à travers un processus de création ? »

Le film, tourné à Chinon, ne montre que des vigneronnes. Et la parité, alors ?
“Un peu comme Laurène Bastide dans son podcast « La Poudre », je pense qu’il y a plus de films sur le thème de la vigne qui montrent des hommes que des femmes. Je suis juste en train de rééquilibrer la balance.”
La vérité est-elle dans le vin… ou au contact des vigneron·nes ? Qu’as-tu appris dans les vignes ?
“Ça me paraît être un gros mot ça « la vérité ». En tout cas j’ai maintenant dans ma poche un bon bagage technique et une boîte à outils assez fournie pour pouvoir argumenter autour du vin et de la vigne. Et en fin de compte, plus on en sait, plus on a accès à d’autres connaissances. Et puis le mieux, c’est quand tout est réfuté par une exception. Apprendre à côté de personnes qui remettent toujours en question leurs pratiques et sont humbles face à la nature et à leur environnement, curieux aussi beaucoup. Évidemment, il y a plein de profils de vignerons et de vigneronnes. Tou·tes ne fonctionne pas pareil. Mais la vérité est sûrement dans les yeux des gens qui s’émerveillent et qui aiment les surprises ? »
Et ton bilan carbone, dans tout ça ?
“J’ai voulu faire imprimer Purjus sur du papier toilette, mais ils ont pas voulu.”
Préparez-vous au vin de demain!
Une veille mensuelle ciblée sur les futurs du vin, les combats progressistes à mener, les innovations techniques ET politiques à tester…
Chaque mois dans votre boîte mail. Il suffit de s’abonner.