Photo Hervé Hannin.

Vous faites de la prospective pour la filière viticole depuis 25 ans. La crise que traverse la filière viticole aujourd’hui est-elle une surprise ?

Hervé Hannin. « La prospective n’est pas une prévision. On ne voit jamais les choses du futur, comme Mme Irma dans sa boule de cristal. Je n’ai pas de don de voyance, et je ne suis pas non plus un formidable visionnaire. La prospective, c’est simplement une méthode pour essayer d’envisager et d’anticiper l’avenir. Ça permet de faire émerger certaines choses peut-être avant d’autres, ou avec des regards différents. Et surtout de les envisager de façon synchrone. En général, on voit arriver les difficultés comme dans un tunnel. A l’inverse, les démarches prospectives sont systémiques : elles ambitionnent de voir évoluer un système dans sa complexité, sous les effets de divers facteurs, avec des déformations conjointes, synchrones et multiples. C’est en général très compliqué à faire seul, d’où l’intérêt de travailler en équipe. Ça serait très prétentieux et faux de dire qu’on a vu arriver tout ce qui se passe. Mais c’est une des forces de la prospective de faire cohabiter des tendances lourdes que tout le monde connaît avec ce qu’on appelle les signaux faibles, des messages de ruptures possibles. Et avec ça, eh bien oui, de voir venir des choses, qui aujourd’hui surprennent en apparaissant très vite et de façon très brutales, alors que franchement, certaines étaient envisagées depuis 25 ans et plus…”

Quel problème était là et que la filière n’a pas vu, ou voulu voir ?