#22 Comprendre le défi du manque de main d’oeuvre viticole
Qui veut travailler dans les vignes ? Le manque de main d’oeuvre viticole est un des nombreux défis que le vignoble doit aujourd’hui relever. Tou.tes les vigneron.nes y sont confronté.es, et ça ne va pas en s’arrangeant. Revue de chiffres… et des solutions envisagées..

La viticulture française génère aujourd’hui près de 500 000 emplois directs et indirects. On compte environ 142 000 viticulteurs, 38 000 emplois dans le négoce et 21 000 emplois saisonniers. À cela s’ajoutent 3 000 sommeliers, mais on en reparlera une autre fois.
Mais cette population s’essouffle. Premier phénomène : le vieillissement, 50,1 ans d’âge moyen en France pour les vigneron.nes. 51% des exploitations viticoles ont pour chef une personne de plus de 55 ans. 60 % des + de 50 ans ne savent pas qui prendra la succession ou pensent que l’exploitation va disparaître (71% en Languedoc, 40% en Champagne). Les conséquences : la concentration du vignoble et sa contraction (arrachage). Au final, – 11% d’exploitations viticoles entre 2010 et 2020.
En parallèle, les exploitants en activité ont aussi du mal à recruter et fidéliser la maison d’oeuvre, permanente ou saisonnière. 63% des producteurs souffrent d’une pénurie d’ouvriers saisonniers pendant les vendanges et la période des vacances, et 77 % des caves en France recherchent du personnel qualifié de chai.
CDI, robots et migrants
Les solutions déployées pour résorber cette pénurie de main d’oeuvre viticole :
→ La revalorisation des salaires. Pour motiver, on n’a guère trouvé mieux. 80% des salariés agricoles ont un statut précaire (CDD, saisonniers, apprentis), avec une sur-représentation des femmes (Agreste). Mais les entreprises viticoles arrivent aujourd’hui au taquet côté coûts de production.
→ L’automatisation (des robots désherbeurs, vendangeurs, etc.). La “3e révolution agricole” serait à l’oeuvre aujourd’hui, un marché mondial à 35 milliards de dollars d’ici 2030, en France largement porté par la viticulture. La promesse : plus besoin de main d’oeuvre, moins de pénibilité et moins de pesticides. En 2023, il y avait pourtant moins de 300 robots en service dans le vignoble français. Les détracteurs de cette piste techno-solutionniste critiquent le coût des machines et leur complexité (conduisant à une couche supplémentaire d’aliénation des professionnels) et questionnent l’angle mort de leur impact environnemental réel. Progrès technique et progrès social ne vont pas nécessairement de pair.
→ L’immigration. La main-d’oeuvre étrangère est depuis longtemps déjà indispensable aux vignobles (et à toute l’agriculture française) pour fonctionner, plus même que dans le BTP. Des conventions sont signées (entre l’Office français de l’immigration et l’agence marocaine chargée de l’emploi, en 2023, par exemple) pour encadrer ces pratiques. Et c’est nécessaire, dans un contexte où les sordides affaires de traite d’êtres humains se multiplient dans le vignoble français.
- 🥳 La bonne nouvelle : il y a quand même encore 2000 personnes qui sortent chaque année des BTS viticulture-oenologie en France, et parmi eux, de plus en plus de “bifurqueurs” venus d’autres horizons. La relève, ce sont elles et eux ! Les métiers de la vigne font encore rêver…
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