Le changement de cépages comme seule stratégie pour le vignoble de Bordeaux

→ La stratégie bordelaise reste concentrée sur le risque qualitatif. Avec comme réponse le changement de cépages. Le merlot (cépage rouge le plus planté en France) est particulièrement dans le viseur : d’ici la fin du siècle, la maturité de ce cépage pourrait arriver dès le 12 août, dans le scénario pessimiste (RCP-8.5) d’un réchauffement à +4°C. Depuis 2020, Bordeaux teste de nouveaux cépages : alvarinho et liliorila en blanc, l’arinarnoa, castets, marselan, et touriga nacional en rouge.

🧨 Loin d’être consensuel, le changement de cépages est testé… mais pas par tout le monde. Plusieurs appellations bordelaises n’ont lancé aucun projet pour l’instant.

→ D’autres risques existent, qui pourraient avoir un impact non seulement sur la qualité, mais aussi les rendements, les conditions de travail, les pratiques culturales, le foncier viticole…

• Multiplication des épisodes caniculaires (>risques de “blocage” de la plante au-dessus de 35°C). Selon Climadiag, le nombre annuel de jours très chauds (> 35°C) devrait passer de 1 à 4 d’ici 2030 (valeur médiane). Concernant le nombre de nuits chaudes (> 20°C), on devrait passer de 7 à 18. Enfin le nombre de vagues de chaleur devrait passer de 1 actuellement à 6 en valeur médiane d’ici 2030. Le millésime 2022, considéré comme très chaud, pourrait être considéré comme normal voire frais d’ici 2050.

• Élévation du niveau marin, et de l’infiltration d’eau salée, pour tous les territoires en bord d’estuaire, et notamment le Médoc. 

• Des risques indirects comme les feux de forêts, voire les mégafeux, comme ceux qui ont dévasté une partie de la Gironde en 2022. Le nombre de jours avec risque significatif de feu de végétation devrait doubler d’ici 2030 (de 2 à 4, et jusqu’à 8 en valeur haute).

• Le gel : en dix ans, le vignoble bordelais a connu trois grands épisodes de gel : 2017, 2019 et 2022, et deux de moindre importance (2020 et 2021).

→ Le Département de Gironde anticipe surtout “une hausse de la demande en eau potable et en eau d’irrigation d’une part (liée principalement à la hausse des températures moyennes), et par une hausse du niveau marin renforçant le risque d’intrusion saline dans les nappes d’autre part” (source : Département). 97% des besoins en eau potable dépendent de ces nappes.

💡 A Bordeaux, l’irrigation du vignoble reste globalement interdite, comme le veut le Code rural, du 1er mai jusqu’aux vendanges. Mais quelques ODG ont intégré la possibilité réglementaire de dérogations: Saint-Emilion (une vingtaine de demandes en 2022 pour un total de 35 ha), Pomerol ou Lalande-Pomerol, qui l’a sollicité en 2019. Pessac-Léognan est le premier syndicat viticole à l’avoir déployé à Bordeaux, dès 2016, et l’a utilisé pour une seule demande d’arrosage en 2019, trois en 2020, seize en 2022.