#27 Les vignobles du Sud-Ouest face au changement climatique
Les vignobles du Sud-Ouest, comme Gaillac, Fronton, Cahors, Madiran, Jurançon, Bergerac, etc. sont parmi les plus exposés aux impacts du dérèglement climatique. Décryptage.
Décryptages / Octobre 2025 – J.R.
Si l’on se fie aux projections climatiques, le Sud-Ouest apparaît comme un des territoires viticoles les plus menacés par le dérèglement climatique (après le pourtour méditerranéen). Cette région passerait en effet (dans un scénario pessimiste, à moyen terme) de conditions optimales pour la vigne à des conditions extrêmes.
D’ici 2100, le Sud-Ouest pourrait être classé en zone 5 de l’indice de Winkler, soit un climat dans lequel sont plutôt cultivés « des cépages de vin de table ou de raisin de table de qualité moyenne, destinés à une consommation en début de saison, adaptés à une production extrêmement élevée » (comme aujourd’hui Madère ou la Hunter Valley) . Le réchauffement des températures moyennes est notamment en cause.
Méditerranéisation du climat
Le scénario projeté est celui d’une “méditerranéisation” du climat, sur l’axe de la Garonne : étés plus chauds et plus secs, et épisodes pluvieux plus intenses. En 2050, un été classique ressemblera à celui 2003.
Source : Frédéric Levrault (Expert Climat Chambres d’Agriculture) / ClimA-XXI : comment les projections climatiques nous aident-elles à adapter la viticulture ? ou ici en vidéo.
Source : Serge Zaka. Comprendre l’indice de Winkler : ici.
Le risque des aléas climatiques multipliés
Plusieurs risques, et les questionnements qui vont avec, émergent :
- Le risque de gel : même si la période de gel est de moins en moins tardive, le débourrement de la vigne est lui de plus en plus précoce. La fenêtre de vulnérabilité de la vigne est donc de plus en plus large.
- Le réchauffement des températures, qui implique des taux de sucre de plus en plus élevés, vient interroger le choix de matériel végétal, de cépages. Avec un point d’inquiétude particulier sur le réchauffement des nuits.
- Les canicules : au-delà de 35°C, il peut y avoir un blocage physiologique pour la vigne. Or le nombre de ces jours très chauds va augmenter.
- L’impact de ce réchauffement global sur les conditions de travail.
📌 Les récoltes de 2023, 2022 et 2021 figurent déjà parmi les plus basses en volume, en raison d’impacts climatiques négatifs : gel, grêle, mildiou qui résulte d’un excès d’humidité, intempéries, sécheresse… En 2025, Gaillac a été frappé par la grêle le 13 août.
Mais dans le détail de ce vaste territoire, les risques diffèrent d’un vignoble à l’autre. Les vignobles les plus exposés sont ceux de Fronton et du Tarn-et-Garonne, et les moins exposés sont ceux de l’Aveyron et de l’Ouest du Gers.
L’accès à l’eau et l’irrigation, le sujet qui monte
LE sujet qui monte, c’est celui de l’irrigation du vignoble, pour répondre aux risques grandissants de stress hydrique problématique.
→ Dans le Sud-Ouest (bassin Adour-Garonne), la diminution des quantités de neige et la hausse de l’évapotranspiration (à cause de la chaleur) conduisent vers une diminution anticipée de -20 à -40% de la ressource en eau d’ici 2050, avec des périodes d’étiage (de basses eaux) de plus en plus longues, au moment où il y a le plus de besoin, notamment en agriculture. Bilan : selon Météo France, les sécheresses autrefois décennales pourraient survenir 7 à 8 années sur 10 d’ici 2050.
Quelles adaptations ?
Peu d’infos sont disponibles sur les stratégies collectives envisagées ou déjà mises en oeuvre, dans un contexte de crise économique accrue. La filière semble engagée dans un travail de montée en compétences autour de l’eau : fiches de sol pour voir “le réservoir utile en eau des sols” + cartes de zones de tension sur les volumes d’irrigation + virage agroécologique plus ou moins avancé. L’irrigation semble déjà pratiquée, mais là encore, très peu d’informations.
Le Sud-Ouest semble miser avant tout sur sa variété de cépages, et notamment sur ses 120 cépages autochtones (!!!!), capables de fournir, il est vrai, une sacré belle marge d’adaptation.
Sources
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